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  • Photo du rédacteurTalia

Il y avait une nouvelle élève dans ma classe

Dernière mise à jour : 29 mai 2020

Je ne me suis pas réveillé un matin avec une épiphanie sur mon orientation sexuelle. Ça aurait été beaucoup trop facile de cette façon-là et ça ne ferait surement pas la personne que je suis aujourd’hui. Mon premier souvenir d’avoir une attirance pour une autre fille, j’étais en troisième année du primaire, dans la classe de Mme Madeleine. Il y a eu une nouvelle élève en cours d’année qui s’appelait Jessica. Elle est tout de suite devenu très populaire. J’étais jalouse parce que moi je ne l’étais pas vraiment et j’étais à cette école depuis trois ans. Une des choses spéciales que faisait Jessica, c’était de prendre la main d’une amie quand on se déplaçait dans les corridors ou les escaliers. Et un jour, ce fut mon tour! Elle a pris ma main pour descendre les marches jusqu’à la cour de récréation. Ça fait plus de vingt ans et je me souviens encore de la sensation de sa main dans la mienne. C’est certain qu’elle avait les mains vraiment sèches, mais quand même. J’avais souvent pris la main de mes amies et je n’avais jamais ressenti ce coup dans le ventre, inusité, incompréhensible mais qui a imprégné ce souvenir dans ma mémoire de petite fille comme unique et spécial. Bien sûr, ce n’est qu'aujourd'hui, adulte, que je perçois ce qu’était cette réaction. Comme aussi beaucoup des sentiments que j’ai pu avoir envers certaines amies de qui j’ai été très proche au secondaire. Il y en a deux de qui je peux clairement dire que j’étais complètement amoureuse, mais je ne comprenais pas ce que je vivais. Je savais que les lesbiennes existaient, mais j’avais aussi beaucoup d’attirance pour les gars. Je pensais qu’un jour, j’allais devoir choisir et j’étais littéralement incapable, alors à partir de 17 ans, quand ces sentiments de confusion se sont vraiment accentués, j’ai complètement coupé toute possibilité dans ma vie pour une vie affective. Ni homme, ni femme ne pouvaient percer ma carapace. Elle me protégeait de ce que je ne comprenais pas, mais qui était tellement présent en moi. Au début de ma vingtaine, j’ai commencé à mieux comprendre la bisexualité en rencontrant des personnes qui m’en ont parlé (le témoignage, c’est la vie!). Ça m’a pris encore quelques années pour déconstruire les préjugés intériorisés que je pouvais moi-même avoir sur la bisexualité, des personnes gaies mais cachées, des gens qui ne sont pas capables de se brancher, qui veulent juste coucher avec tout le monde. Un coup que j’ai eu déconstruit tout cela, parce que vraiment, c’était quoi le rapport de penser ca?! Bref, un coup déconstruit, cette étiquette s’est posée sur moi comme un manteau que l’on cherchait depuis des années. Et on va se le dire, j’avais déjà embrassé des hommes, mais quand j’ai embrassé une femme pour la première fois, je n’ai plus jamais douté de la normalité de la chose pour moi (et du plaisir exaltant aussi!). Aujourd’hui, je me définis comme pansexuelle, parce que la vie et les mots évoluent et celui-là s’est ajouté comme un deuxième manteau encore plus confortable que le premier. Mais le pourquoi de la chose, c’est une autre histoire!



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